HOMÉLIE DU DIMANCHE 28 JUIN 2020 À L’ISLE JOURDAIN
Frères et sœurs,
Saint Paul, dans la deuxième lecture nous donne un des rares aperçus sur
notre vie après la mort. « Et si nous sommes passés de la mort avec le
Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui. » En fait, avec notre
baptême, nous avons été mis au tombeau avec le Christ « c’est pour que
nous menions une vie nouvelle. » Le Christ lui-même ne nous dit pas
beaucoup de choses sur notre vie après la mort. Nous savons que le Christ
crucifié est ressuscité le troisième jour. Il ne meurt plus. C’est un article de
foi pour nous chrétiens, sans lequel notre foi est vaine, nous affirme saint
Paul.
Le Christ ne s’est pratiquement pas prononcé sur notre vie après la mort.
Nous savons que les femmes ont trouvé le tombeau vide. Le Christ lui-
même est apparu à ses disciples de nombreuses fois après sa mort. Il se
fait connaître d’une façon ou d’autre, mais la reconnaissance n’est jamais
immédiate. Les murs et les portes fermées ne semblent pas lui faire
obstacle. Il invite Thomas à le toucher, avec une profession de foi des plus
émouvantes des évangiles : « Mon Seigneur, et mon Dieu. »
Pour les juifs, la vie après la mort est le séjour au Shéol, ou Hadès, si l’on
veut. C’est un pâle pays des ombres, où personne ne peut louer Dieu. Pour
les juifs, avec des dizaines de bénédictions prononcées à tout moment de
la journée, cela doit être la plus grande malédiction. C’est beaucoup plus
tard, que certains des pharisiens acceptent que la vie des justes, et
notamment des martyrs, ne peut finir à leur mort. Le groupe des
Saducéens, en contrôle du Temple, ne l’accepteront jamais.2
La résurrection des morts n’est pas tout à fait nouvelle dans l’Ancien
Testament. Elie, après avoir empêché la veuve de Sarepta, de mourir de
faim, ressuscite son fils : « Seigneur, veux-tu du mal à cette veuve ... au
point que tu fasses mourir son fils ? » Et, en plein pays de Baal, le Seigneur
répond par un miracle : il rend la vie à l’enfant mort. Le prophète Elisée,
successeur d’Elie, rend, pour ainsi dire une nouvelle vie à Naaman, le
lépreux, en n’acceptant aucun présent, sauf la reconnaissance du Dieu
d’Israël. Nous avons un autre récit d’Elisée dans la première lecture
aujourd’hui.
Jésus lui-même ressuscite le fils d’une veuve aux portes de Naïm, au
milieu d’une grande foule. Et bien sûr, nous avons la résurrection de
Lazare, ami de Jésus.
Fort de tant de témoignages, nous pouvons affirmer avec saint Paul
aujourd’hui : nous mourrons au péché, mais nous serons vivants pour
Dieu en Jésus Christ. En fait, la résurrection est une histoire compliquée
dans le christianisme. Il est question de deux résurrections, mais je passe
aujourd’hui sur cette question.
Chantons plutôt avec le Psaume, nous vivons de cela : « L’amour du
Seigneur, sans fin je le chante ; ta fidélité, j’annonce d’âge en âge. Je le dis :
c’est un amour bâti pour toujours : sa fidélité est plus stable que les cieux. »
C’est la fidélité, qu’il est bon pour nous de chanter toujours, qui nous fera
vivre pour toujours.
Jésus est radical dans l’évangile d’aujourd’hui. Suivre Jésus peut mener à
des ruptures douloureuses. Jésus lui-même les a connus, et ses disciples
les connaîtront aussi. C’est le Seigneur qui parle, revêtu de l’autorité
suprême de Dieu lui-même. L’attachement pour lui doit primer sur tous
les autres, sur les affections les plus légitimes. Tout Juif sait que l’amour
de Dieu est le commandement premier. Lui seul peut exiger une
obéissance inconditionnelle.3
Mais à l’exigence radicale correspond la promesse, radicale elle aussi.
Celui qui accueille ses disciples, accueille Jésus lui-même. Ceux qui les
accueille « en qualité de prophète » reconnaissent par-là les paroles qu’ils
prononcent comme paroles de Dieu ; car le prophète est la « bouche de
Dieu », selon le prophète Jérémie. Ceux qui accueillent « des justes » - des
croyants fidèles – recevront la récompense qui leur revient. Et celui-là
même qui leur donnera un verre d’eau pour l’amour de Jésus sera béni de
Dieu pour cet acte d’amour.
Un verre d’eau fraîche, rien d’extraordinaire ; un simple geste de bonté.
Quand je fais tout en union avec Jésus, je suis vraiment son disciple.
Notons le terme « petits » appliqué aux disciples : les primitives de l’Eglise
étaient des humbles, des artisans, des esclaves qui annonçaient la bonne
nouvelle autour d’eux. C’est à eux, aux humbles du cœur, que Jésus confie
le Royaume (les Béatitudes). Nous voici pour toujours embarqués dans la
grande aventure de la foi.
Moïz RASIWALA
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