HOMÉLIE DU 4ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B
Par notre diacre, Moïz Rasiwala
Frères et sœurs,
Voici, l’année est bien entamée, pleine de péripéties et de dérangements pour notre vie personnelle, ainsi que notre vie familiale. Que nous voulions ou non, nous voilà limité dans tous les aspects de la vie sociale, et Dieu seul sait quand cela prendra fin. Que pouvons-nous faire ? Prier. Prier pour nous-mêmes et pour le monde entier. Que nos pensées se tournent avant tout vers les pays pauvres qui ont peu de moyens et, chez nous, vers les gens en chômage ou sous-emploi. On peut faire une neuvaine, ou réciter un chapelet.
La première lecture d’aujourd’hui est tirée du livre qu’on appelle le Deutéronome. Le mot veut dire la deuxième loi, les rédacteurs l’ont mis dans la bouche de Moïse, au moment de sa mort. La loi comprend tous les aspects de la vie juive : la vie de famille, la vie intime et personnelle, la vie dans la société et par rapport à Dieu. Israël a eu bien des guides dans sa vie parmi les nations : d’abord les patriarches, ensuite les juges, les rois et puis les prophètes. Pas tous les figures que la Bible nous décrit sont exemplaires, loin s’en faut. Maintes fois, le Seigneur appelle Israël à l’ordre de rester fidèles à ses lois, et de ne pas
succomber aux attraits d’autres dieux. Parfois il le fait avec rudesse comme aujourd’hui : «Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. » Mais, quelque fois il le fait avec l’infinie tendresse d’Osée : «C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. ... Je dirai, ’tu es mon peuple’, et il dira ‘Tu es mon Dieu.’ »
Le livre du Deutéronome est appelé parfois le code deutéronomique à cause de la richesse des rappels de la Torah, la Loi. Le Créateur a voulu que nous connaissions Dieu et soyons aimé de lui. Le dessein de l’amour n’est pas arrêté par notre faiblesse. Quand l’homme n’est pas à la hauteur, c’est Dieu même qui choisit un pont qui relie à lui, il choisit son intime porte-parole, un vrai prophète. Bien sûr, nos regards sont orientés vers Moïse, vers Jérémie, vers Isaïe, vers Osée...
Mais, par excellence, c’est le Verbe de Dieu qui nous sert de guide ultime. Parce que Jésus est homme, l’évangile est à notre portée. « Celui dont a écrit Moïse dans la loi, et les prophètes, nous l’avons trouvé » nous dit Jean. Par son baptême, le chrétien reçoit cette vocation à être pour ses condisciples un prophète, accueillant la Parole et vivant une vie inspirée de charité, comme en ce temps de pandémie.
« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert... » nous exhorte le psaume. Paul nous engage à nous attacher au Seigneur sans partage quelle que soit notre condition sociale.
L’évangile que nous avons lu aujourd’hui est tiré de Marc. Pendant longtemps, cet évangile n’a pas reçu l’attention qu’il mérite. On pensait que les messages de Mathieu et de Luc le contenaient totalement, et que ce n’était pas vraiment quelque chose de nouveau. Mais les études récentes montrent les originalités de Marc : son évangile est court, le langage simple et direct. Les scènes brèves font penser à une ouverture musicale avec des thèmes que des instruments peuvent développer par la suite. Mais venons-en à la lecture d’aujourd’hui.
L’action se situe à Capharnaüm, au nord du lac de Galilée. Capharnaüm est un peu un centre pour Jésus. C’est de là qu’il développe son activité de proclamer l’évangile. On comprend que Jésus a l’habitude de prêcher dans les synagogues, surtout un jour de Sabbat.
Il enseigne en homme qui a autorité, nous dit-on, donc il tranche sur les rabbins et les autres personnes qu’on était habitué à entendre. Le miracle qui est décrit suit tout à fait le schéma du temps. Tout mal est attribué à un esprit mauvais qui a pris possession de vous. Il faut donc expulser le mauvais esprit par un acte d’autorité. Moi-même j’ai vécu de telles guérisons en Inde. On enferme la personne possédée dans une enceinte devant le tombeau du saint qui va le guérir. Après un moment, la personne est secouée de convulsions, tape la tête contre le grillage, et tombe finalement inconsciente, pour être évacuée, en principe guérie. C’est assez spectaculaire à voir, et moi, qui était encore enfant, était très saisi d’un tel spectacle.
Dans ce cas aussi, c’est Jésus qui se montre plus fort que le démon. Ce qu’il faut retenir : l’ordre impérieux de Jésus : « Tais-toi, sors de cette homme ». Ce qu’il faut retenir aussi : la peur qu’éprouve le démon : « Que veux-tu, Jésus de Nazareth ? » Jésus ne veut pas que son identité soit connue. C’est le « secret messianique ». On le retrouve tout au long de l’évangile de Marc. C’est que Jésus veut dissiper l’idée courante de son époque, que le Messie va être une personne puissante. Ce sont ces fausses idées du Messie, que Jésus veut dissiper. Il sait qu’il doit souffrir, être humilié.
C’est seulement sa Pâque, sa résurrection, qui va nous révéler la vraie identité de Jésus. Pour le moment, Jésus nous laisse avec la question : Qui est-il ? A notre cœur d’y répondre...
Selon saint Jérôme, Capharnaüm dans le sens mystique signifie ville de consolation, le mot sabbat signifie repos. Cet homme possédé de l’esprit immonde signifie le genre humain en qui l’impureté règne. La connaissance du saint de Dieu fait taire le mauvais esprit. Prions l’Esprit Saint de nous éclairer en toute circonstance.
Comments