Chers amis et paroissiens
J'espère que cette semi liberté vous profite bien et vous remonte le moral.
Voici l'homélie du dimanche 17 mai par notre diacre Moïz.
Cordialement et unis par la prière.
Abbé Paul Lemarchand
HOMÉLIE DU DIMANCHE 17 MAI 2020 À L’ISLE JOURDAIN Frères et sœurs, La première lecture nous plonge dans le temps au début de l’Eglise. Jeudi dernier, nous avons fêté St Matthias, qui a été désigné pour prendre la place de Judas, qui avait trahi Jésus. Je dis bien « désigné » et non pas « choisi ». Bien que le Christ lui-même ait déclaré que Pierre serait à la tête du troupeau, et que personne n’y ait vu d’objection, Pierre se garde bien de « faire le chef ». Il se contente de prendre la parole en premier quand il faut parler au nom des autres apôtres. Le récit du choix de Matthias est édifiant. Pierre n’exprime aucune préférence. Il ne dit pas « Celui-ci me semble adapté » ou rien d’autre de ce genre. Il laisse l’Esprit Saint faire le nécessaire, tout simplement indiquant la procédure. Une des conditions que pose Pierre : « il faut des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous. » Il y a une autre : «il faut que la personne soit témoin de la Résurrection.» Saint Jean Chrysostome insiste sur ce dernier point. Il souligne : Pas besoin d’être témoin de toute la vie de Jésus et des signes qu’il a posés. Seulement de la Résurrection. Tout le reste avait été abondamment manifesté durant la vie publique de Jésus, mais la Résurrection avait eu lieu dans le secret de Dieu, et ne s’était manifestée que pour les quelques témoins que Dieu avait choisis. Ensuite, les apôtres prient humblement, nous disent les Actes : « Toi, Seigneur, qui connaît le cœur de tous les hommes, montre-nous. » Toi, et non pas nous, nous dit saint Jean Chrysostome. C’était au Seigneur de faire l’élection, pas à eux. Ils ne s’en jugent pas dignes. Alors on tire au sort. Il tombe sur Matthias, c’est l’Esprit Saint qui a choisi. Superstition, le tirage au sort ? Nous, les modernes, rationnels, pourriez le penser. Mais il n’en est rien. Au contraire, les apôtres, y compris Pierre, se fient au jugement de Dieu. La lecture des Actes des Apôtres aujourd’hui nous parle d’un temps d’or de l’Eglise : Philippe est en Samarie, et les foules, d’un même cœur s’attachent à ce qu’il dit. Il y a des signes et des miracles. Mais les Actes des Apôtres ne nous cachent pas les tensions qui traversent les fidèles. Elles ont été présentes dès les premiers temps de l’Eglise. Avant même que les persécutions commencent de la part des Romains, ce sont des judéo-chrétiens, les juifs convertis tout récemment au Christ, qui sèment le trouble. Ils veulent, que même convertis, les autres nations suivent scrupuleusement la loi de Moïse, pour être vraiment disciples du Christ. Ce qui est contraire à l’enseignement de Paul, héraut de la liberté chrétienne face à ce qu’il considère le « joug » de la loi avec des centaines de prescriptions juives pour vivre saintement. Ce que nous pouvons admirer tout au long des Actes des Apôtres est la manière de résoudre les conflits : s’en remettre à Dieu en toute circonstance, chercher à savoir ce que dit l’Esprit. Le Psaume nous dit cela en d’autres mots : « Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu : je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme. Béni soit le Dieu qui n’a pas écarté ma prière, ni détourné de moi son amour. » Dans sa lettre, saint Pierre insiste également : « Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point-même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. » Que le monde serait différent si nous pouvions résoudre nos conflits de la même manière, ayant notre Esprit enraciné dans le Christ. L’évangile selon saint Jean, nous met déjà au temps de la Pentecôte, si proche. C’est aussi le temps, où, nous espérons, nous pourrons renouer avec la vie sacramentelle qui nous a fait cruellement défaut depuis si longtemps. Jésus va disparaître, mais sans nous priver de son soutien, par un autre type de présence. L’amour de Jésus passe au premier plan du discours : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » Pour Jean, il n’y a aucune différence entre croire et aimer. Le commandement unique chez lui n’est-il pas « de croire en Jésus et de s’aimer les uns les autres » (1 Jean, 3). Pour remplir les obligations de cette unique commandement, Jésus nous promet « un autre défenseur » qui demeurera auprès de nous et en nous. En l’Esprit Saint, Jésus promet toujours d’habiter en nos cœurs. Jean emploie le terme « Paraclet » et il est le seul évangéliste à la faire. En grec, le terme veut dire « le médiateur », le « consolateur ». Il prendra en fait la place de Jésus, parlera à sa place, quand nous lui portons témoignage. Si l’Esprit renvoie à Jésus, c’est à travers nous qu’il s’exprime. Il sera cette présence en nous qui nous transforme, qui nous fait aimer le Maître, et aussi les uns et les autres. Sans lui, nous ne pouvons rien faire, comme Jean nous le dit ailleurs (Jean 15). Je termine avec une citation de saint Jean Damascène : « Pour nous, nous n’avons qu’un cri : Toi qui renouvelle divinement l’Univers, sois béni ! Mon âme a nostalgie de Dieu ; toute en pleurs, elle Le recherche. Seigneur, Tu vois ma déchéance et ma douleur ; verse sur moi, le pécheur, la grâce de ton Saint-Esprit. Accorde-moi Ton esprit d’humilité afin que je puisse te connaître. » AMEN.
Comments