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Homélie du 15 mars

Chers amis,

Vous n'avez pas pu participer à la messe de du Dimanche 15 mars à Isle-Jourdain. Voici l'homélie que devait prononcer notre diacre Moïz ce jour là..

Je vous invite à la lire et à la méditez.

Vous pouvez aussi lire ce qu'il y a pour ce  Dimanche là sur le petit livret de carême que vous reçu ou pris à l'église.

Bon Carême

En union de prières.


Abbé Paul Lemarchand



 

HOMÉLIE DU DIMANCHE 15 MARS 2020

À L’ISLE JOURDAIN

Frères et sœurs,

Aujourd’hui nous avons l’un des grands textes de l’évangile, propres à l’année liturgique en cours, l’année A. Nous en entendrons d’autres les dimanches suivants. Quel admirable texte que celui de la femme Samaritaine ! Nous y avons le conflit entre juifs et samaritains, nous y avons la voix prophétique de Jésus : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné l’eau vive. » Nous avons la confession de foi de la Samaritaine, même si c’est une interrogation : « Ne serait-il pas le Christ ? ». Enfin, nous avons les premières conversions : « Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus ».

Regardons d’un peu plus près le texte. Je m’appuierai en partie sur le livre de Jean-Yves LeLoup, prêtre et théologien orthodoxe, sur l’évangile de Jean. Les Samaritains ne connaissaient que La Pentateuque parmi les textes sacrés juifs et ils considéraient que le mont Garizim, dans la Cisjordanie actuelle, était l’authentique lieu de culte. Le Mont Garizim figure dans le Deutéronome : « Quand le Seigneur ton Dieu t’aura fait entrer dans le pays où tu entres pour en prendre possession, alors tu placeras la bénédiction sur le mont Garizim ». Pour ces motifs, les juifs tenaient les Samaritains comme schismatiques, et non pas hérétiques. Jésus toutefois les met en avant : le seul des dix lépreux guéris qui rend grâce à Dieu est un Samaritain et nous avons l’admirable parabole du « bon Samaritain » qui a une conduite opposée à celle des lévites du Temple.

C’est un véritable chemin initiatique que nous découvrons dans ce récit de saint Jean. C’est un chemin qui mène la Samaritaine, et nous en passant, vers une vérité infiniment plus haute, plus vaste, qui nous submerge.

« Jésus, fatigué par la route, s’assied au bord du puits. C’est environ le sixième heure », nous dit le texte. Saint Augustin dira qu’en Jésus, c’est Dieu qui est fatigué. Cette route, Il le prend depuis des siècles, des millénaires … en quête d’une humanité où Il pourrait se reposer : ce n’est pas nous qui cherchons Dieu, c’est Dieu qui nous cherche.

« C’est environ le sixième heure », l’heure où le soleil est le plus ardent et ne laisse plus de place aux ombres, plus de place aux mensonges sur nous-mêmes. Ieschoua, Jésus en hébreu, nous attend au puits. Le puits est symbole du cœur humain. Dieu nous attend dans les profondeurs de notre cœur. C’est là qu’il y aura la rencontre décisive. C’est là que nous attend la Source, la Source qui ne demande qu’à être bue. C’est à l’heure de midi, l’heure de la pleine clairvoyance. L’Inconnu frappe à notre porte. Et nous de bredouiller :

« Comment toi qui est juif, tu mes demandes à boire à moi, une Samaritaine ? » Comment toi qui te considère comme appartenant à la classe des sages, des justes, des élus, tu me parles à moi, une Samaritaine. Spirituellement, il s’agit d’un dialogue entre le Créateur et la Créature. Les deux ne peuvent avoir de relation, surtout si la Créature mène une vie qu’on peut considérer « impure ».

Or voici que la relation s’établit et le contact avec l’altérité absolue devient possible. La Samaritaine est étonnée. Jésus continue à se révéler :

« Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit : donne-moi à boire, c’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné l’Eau vive. » Autrement dit, si tu connaissais cet Etre qui est Amour, la gratuité pure. « Connaître l’Amour de Dieu qui surpasse toutes connaissances », nous dira saint Paul et les Pères de l’Eglise. Cette connaissance, c’est Jésus Christ, et le connaître c’est de connaître le Père. Dans un pays où l’eau est rare, une source, un puits, est symbole de vie. Parler de l’eau vive, c’est parler de la vie surabondante.

Mais la Samaritaine garde les pieds sur terre, elle ne rêve pas : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser ». Alors, Jésus ajoute quelque chose de nouveau : la promesse d’une eau qu’on n’a encore jamais bue sous le soleil. « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif. » Jésus affirme qu’il existe un apaisement, une vie, qui ne sont pas dépendants des circonstances extérieures. Le bonheur, tant qu’on ne l’a pas trouvé en soi-même, on ne peut pas non plus le trouver à l’extérieur.

Jésus veut que nous soyons Un avec le jaillissement même de la vie, Un avec le Père. Les pères de l’Eglise, de langue grecque, appellent souvent le Père, « Source ».

Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai ne sera plus sous la dépendance du désir, il ne sera plus esclave, mais fils. Il connaîtra en lui la vraie joie. Une joie qui vient d’ailleurs, sans cause, ni effet. Une joie qui échappe à la Loi du karma, comme disent les hindous. La femme reste terre à terre, et ne songe qu’au labeur de puiser l’eau tous les jours : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’ai plus à venir ici pour puiser. »

Ieschoua la mène encore plus loin : « Va chercher ton mari et reviens ici. » Autrement dit Ieschoua lui dit que celui avec lequel elle s’unit actuellement ne lui donne pas le bonheur. Elle a eu cinq maris et pourtant elle n’a jamais connu l’unité, la paix. Aucun d’eux n’est l’époux véritable, le Vrai Dieu. Saint Augustin voit dans les cinq maris nos cinq sens : voir, entendre, goûter, toucher, sentir. Le sixième mari, que nous appelons parfois « le sixième sens » n’est pas encore le bonheur véritable. Pourtant c’est avec nos sens que nous cherchons l’union avec celui qui EST. « Celui qui EST » est au-delà de toutes les formes et pourtant présent en chacune d’elles.

« Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites, c’est à Jérusalem que l’on doit adorer. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »

Jésus cherche à délivrer la Samaritaine de toute idolâtrie. Il n’y a pas de lieu de culte particulier, ni Temple, ni montagne sainte. Ni Jérusalem, ni Garizim. On ne peut enfermer Dieu dans une forme, dans un lieu. Pourtant Jésus ajoute une précision : « Le salut vient par les juifs », ou, plus exactement, la libération a commencé par les juifs. C’est le premier message des patriarches – d’Abraham à Moïse. Dieu n’est pas une idole façonnée par la main des hommes. « Le vent, tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va », dit Jésus à Nicodème.

Après cette expérience de « Celui qui Est », la Samaritaine peut témoigner dans sa ville. Elle « laisse là sa cruche » pour témoigner de son éveil et de sa rencontre. Elle n’a plus besoin de puiser sa connaissance jour après jour, la Source demeure en elle désormais.

AMEN.


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