Chers amis, chers paroissiens, Voici l'homélie de notre diacre Pascal Laborie pour ce Dimanche 10 Mai 2020. Un peu de liberté nous arrive, gardons courage. Restons unis dans la prière et l'entraide réciproque. Abbé Paul Lemarchand
HOMELIE : 5ème Dimanche Pâques A (Dimanche 10 Mai 2020)
Nous célébrons le ressuscité pourtant ici Jésus est à la veille de sa mort. L’aboutissement est proche. Tout est accompli. Sa parole est grave. Elle évoque des réalités difficiles à comprendre du moins pour un esprit un peu trop rationnel.
Que dit-il ? Qu’il s’en va mais qu’il ne nous laisse pas seuls. Que nous ne le verrons plus puis que nous le verrons. Il assure que nous demeurons en lui mais qu’il reviendra nous chercher pour que nous soyons là où il est. Un peu compliqué tout ça : quel sens donner à cette série d’oppositions à première vue déconcertantes ?
La foi à sa propre logique. Elle nous fait entrevoir que loin d’être planté là, sans pouvoir bouger, solennel et sacré, Jésus est tout entier dans un double mouvement... un aller-retour incessant, un passage du Monde au Père et du Père vers le Monde. Ce n’est pas idiot. Ce n’est pas incroyable. Mais il faut d’abord accepter de croire avant de comprendre et non pas vouloir d’abord comprendre pour croire. La foi cherche à comprendre. C’est en croyant que l’on comprend.
Mais pourquoi ces aller-retours, ce double passage du monde vers le Père et du Père vers le monde ? Parce que jésus veut tout emporter avec lui : « Je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi » (Jn 14, 3).
Mais plus, Jésus n’est pas uniquement le double mouvement de l’un vers l’autre : il est le passage et le passage obligé de l’un à l’autre... Il est le chemin, la jonction : « pour aller où je vais, vous savez le chemin. Seigneur, nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? Moi je suis le Chemin. Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 4-6).
« Passer par moi » ? Jésus n’est pas une option, n’est pas facultatif. Il n’y a pas d’autre issue. Il n’y a pas d’autre porte. « Je suis la porte » nous disait-il la semaine dernière. Jésus est bel et bien le seul passage, passage obligatoire puisqu’il est le seul. Que faire sinon le suivre ? Nous sommes invités à marcher à sa suite. Le disciple n’est pas plus grand que le Maître. Là où le Maître a mis ses pieds, préparé le chemin, à travers sa vie et sa mort, nous cheminons à notre tour.
Jésus est encore pour nous ce lieu des passages, au départ et à l’arrivée. Jésus reste avec nous, ici-bas, du départ à la fin des temps. Et il est auprès Père dans sa gloire. Il est chez lui, chez l’un et chez l’autre. Tout son projet est de conduire de l’un à l’autre.
Et je crois que l’on peut dire encore plus : Jésus n’est pas seulement le lieu du passage, il est également le lieu de la rencontre. C’est en lui que nous rencontrons le Père, c’est en lui que le Père nous rencontre. Jésus est la rencontre de 2 amours : amour
de Dieu pour l’Homme, amour de l’Homme pour Dieu. Il est la demeure de l’un et de l’autre : « Demeurez en moi, comme je demeure en mon Père » (Jn 15, 10). Demeure de l’un et de l’autre, il est bien le lieu de la rencontre entre Dieu et l’homme, le ciel et la terre, entre le Père et son Eglise, c’est à dire Dieu et nous tous.
Voilà pourquoi, Jésus affirme bien tranquillement à Thomas « Dès maintenant, vous connaissez le Père et vous l’avez vu ». Et lorsque Philippe insiste il redit : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Désormais, Jésus doit suffire à tout.
Il est l’unique, Il est le tout, il est notre demeure, Il est la jonction, le lieu de la rencontre, Il est le Chemin, Il est la Vérité... Il est la Vie tout simplement.
Plus nous avançons dans la vie, plus notre vie se centre vers lui, se concentre en lui, se réduit progressivement à lui...
A dire vrai, c’est un peu l’inverse. Il s’agit d’élargissement et non de rétrécissement...
Nous nous élargissons à la mesure de Dieu... Or Dieu est l’au-delà de tout, l’horizon de tout désir difficile à atteindre... c’est dire que cet élargissement en Dieu sera sans limite.
Plus nous le connaitrons, plus il nous restera à le connaitre.
Plus nous l’aimerons, plus il restera à l’aimer. Plus nous serons aimés, plus il restera à être aimé.
La porte est étroite, c’est un passage. Oh certes il faut y passer... Mais ce goulot d’étranglement n’est que pour un bref instant. Il débouche sur la Vie sans limite en Dieu. Aujourd’hui nous sommes tristes car nous ne pouvons toujours pas communier au Corps vivant du Seigneur. Mais ça viendra et c’est bientôt car notre désir est si fort qu’il ne pourra pas en être autrement... Certains de cela, aujourd’hui, nous l’accueillons dans une communion de désir...
Et alors, soyons-en sûrs, Jésus – Chemin, Vérité et Vie – vient, malgré tout, dès maintenant au milieu de nous pour établir sa demeure en nous. Et alors nous aussi, nous sommes accueillis par lui.
Demandons-lui de demeurer sans cesse en lui comme lui-même demeure en nous et comme il demeure en son Père.
Jésus est le seul à pouvoir nous conduire au Père.
Amen.
Comentarios