Chers amis,
Voici l'homélie de notre diacre Moïz pour le jour de Pâques.
Joyeuses et sainte Fête de Pâques à tous: LE CHRIST EST RESSUSCITE ALLELUIA !
Qu'il soit notre réconfort et notre soutien.
Restons unis par la pensée et la prière.
Jubilate Deo, Jubilate Deo, omnis terra !
Surrexit Dominus vere, Alleluia, Alleluia, Surrexit Christus hodie, Alleluia, Alleluia !
Ainsi les chants de Taizé.
Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Ainsi se saluent nos frères orthodoxes, les uns les autres, tout en échangeant des œufs, peints en rouge, signe du sang du Christ, joliment décorés. Ils ne sont jamais au chocolat ! L’un dit la première partie de la phrase, l’autre répond avec la seconde.
« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, et votre foi est sans objet », écrit saint Paul aux Corinthiens dans l’une des premières et l’une des plus vigoureuses confessions de foi.
Tournons-nous vers l’Ecriture Sainte. La première lecture nous met en présence de Pierre. Pierre est en visite chez un centurion romain à Césarée. C’est un officier, qui commande une
centurie de soixante à cent hommes. Pierre est encore bouleversé avec tout ce qui est passé avec Jésus, lui qui a donné l’onction du Saint Esprit, lui qui faisait du bien et « guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui ». Or, continue Pierre, « celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois de supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. »
« Ressuscité le troisième jour », étrange langage que ses interlocuteurs comprennent à peine. Eux qui sont lents à croire, il faudra que l’Eglise s’établisse dans tout le bassin méditerranéen, grâce aux efforts incroyables de l’apôtre Paul, que le mot « foi » prenne tout son sens. Il y a une très belle séquence qu’on chante avant l’évangile du jour : « Dis-nous, Marie-Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité... Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée ».
L’évangile attire notre attention sur Marie-Madeleine ainsi que sur Simon Pierre et « l’autre disciple » qui n’est jamais nommé. On peut imaginer qu’il s’agit de Jean lui-même qui a écrit l’évangile. Mais je voudrais me focaliser sur Marie-Madeleine. Silencieuse auprès de la Croix, Marie est ici en avant de la scène. Nous ne savons pas combien de femmes sont allées au tombeau tôt le matin. Selon Matthieu, elles étaient deux : Marie de Magdala et « « l’autre Marie ». Pour Marc, elles étaient trois : Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé. Jean ne retient que Marie de Magdala. Peu nous importe, combien elles étaient. Selon Jean, Marie-Madeleine vient au tombeau, non pas pour porter des aromates, cela a déjà été fait, comme Jean nous le dit, par Nicodème. Non, Marie de Magdala vient sans objectif affirmé, gratuitement. Elle vient seule, poussée uniquement par son désir intérieur, pour rencontrer celui qu’elle a aimé et qu’elle croit mort. Ainsi, elle pourra conduire son deuil jusqu’à son terme. Portée par la fièvre de ses sentiments, Marie est disponible pour vivre la première des rencontres avec le Ressuscité. Marie est obsédée par sa quête du corps de Jésus, elle parle de lui comme « mon Seigneur », titre qu’on attribuera plus tard au Christ. Elle court trouver deux autres disciples, mais, bien que les disciples courent, ils ne sont pas aussi préoccupés que Marie-Madeleine. Marie ne veut pas d’intermédiaire entre elle et Jésus. La séquence avant l’évangile nous parle des anges: « J’ai vu des anges ses témoins, le suaire et les vêtements. » Matthieu nous atteste la présence de « l’Ange du Seigneur », Marc et Luc nous parlent de « jeunes hommes vêtus de blanc ». Mais, quelle importance que ce soit des anges ou de jeunes hommes ! Les péripéties importent peu à Marie-Madeleine qui cherche éperdument le corps, au point que l’apparition de Jésus lui-même ne suffit pas à lui ouvrir les yeux, puisqu’elle croit voir le jardinier ! C’est l’appel de Marie par son nom qui provoque la reconnaissance. Comme dit Jean : « les brebis écoutent la voix du Seigneur, ils les appellent chacune par son nom ». Toute retournée, Marie parle sa propre langue, l’araméen. Elle dit Rabbouni, qui veut dire : « mon maitre ». Désormais, Jésus, selon la chair, n’est plus accessible comme il l’était de son vivant. A partir de la Résurrection, nos yeux physiques sont incapables de voir ou de reconnaître Jésus. Marie figure ainsi la croyante appelée à croire parce que le maître l’a appelée par son nom. Marie de Magdala nous précède tous, nous qui sommes croyants. Marie reçoit comme mission d’aller vers « ses frères », c’est-à-dire vers ses disciples, vers nous tous, parce que filles et fils d’un même Père. Marie est bien celle qui reçoit la mission d’annoncer aux apôtres eux-mêmes le kérygme qui donne naissance à l’Eglise. Ecoutons aujourd’hui la voix de Marie-Madeleine. Comme elle nous sommes à la recherche du Bien-Aimé, selon le Cantique des Cantiques. Nous sommes Sulamith qui chante: «Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car : fort comme la Mort est l’Amour... Les Grandes Eaux ne pourraient éteindre l’Amour et les Fleuves ne le submergeraient pas ». AMEN.
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